Vamos à Kaza
(Ce texte commence deja a dater, mais c'est que les connections haut debit, ils ne connaissent pas ici ! On vous le livre donc avec 10 jours de retard...)
Tandis que Nico et Alexis enumerent, sur le chemin du retour, les nombreux kilos perdus, le duo reprend le compte des kilo(metres) avales...
Nous sommes donc repartis le 21 aout des plages de reve du lac Tsomoriri, pour plonger plein sud vers l'Himachal Pradesh et ses vallees verdoyantes... Comment ca, je bluffe???
C'est avec des sacs de pres de 20 kg que nous avons quitte Korzok, six jours d'autonomie sur le dos, en prevision de cette veritable "traversee du desert" ou l'on nous avait predit aucune ame qui vive... Bizarre, non? dans un pays de pres d'un milliard d'habitants... Faut-il que les conditions soient rudes pour que l'on n'y rencontre aucun nomade...
Nous commencons par longer le magnifique lac Tsomoriri dont les eaux limpides nous tendent les bras... Plouf ! Et c'est parti pour quelques brasses a 4600 m d'altitude. Malheureusement, on ne peut pas s'eterniser dans l'eau glaciale. Pourtant, avec nos bains quotidiens - parfois forces - dans les torrents geles, ca n'est pas l'entrainement qui nous manque !
Au petit matin, nous croisons un chouette troupeau de Kiangs (sorte de chevaux sauvages) qui nous offrent un ballet fascinant. Puis, c'est la debacle : deux jours de pluie, a suivre une ancienne vallee glaciaire quasi plate sur un chemin qui ressemble plus a un tas de galets qu'a un beau GR... La caillasse et la flotte finissent par user notre moral en meme temps que le cuir de nos godasses ! Heureusement, la faune qui nous entoure nous distrait de cette progression ereintante : zabra (petits mulots en general tres curieux de savoir ce que font des touristes sur leur territoire), marmottes ladakhies (les memes que chez nous, mais encore plus malicieuses), bharals (sorte de bouquetins, en un peu plus hautain...), etc. Ca galope sous nos yeux !
Enfin, le col approche, le sourire revient et avec lui le soleil... C'est pas qu'on n'aime pas manger sous le auvent de la tente, mais diner au milieu des 6000 sous le ciel etoile, c'est quand meme plus classe ! D'autant que depuis le debut du trek, nous avons des compagnons de voyage bien sympas : une bonne bande de Suisses et un couple de Tcheques (moyenne d'age : 25 ans). Et c'est avec Peter, Carolina, Camille, Francois, Antoine, Philippe, Jonas et Baptiste que l'on a partage le diner du camp de base du Parang La, sous un soleil couchant splendide. Enfin, quand je dis "partager"... C'est plutot les Suisses qui nous ont prouve qu'ils connaissaient le sens du mot. Bizarrement, notre menu soupe-riz blanc ne faisait pas vraiment d'emules... Et c'est parti pour une corvee d'oignons au pied du glacier ! Inoubliable...
Aye, c'est enfin le matin du grand jour. On va enfin pouvoir grimper ! Ce n'est pas pour faire du plat qu'on est venus en Himalaya... Direction le Parang La, 5600 metres d'altitude. Le glacier qui y mene est facile d'acces, mais quand on croise un troupeau de vaches mene par un Indien juche sur une mule, il y a de quoi etre surpris ! Les vaches derapent pitoyablement dans la descente, et c'est souvent sur l'arriere-train qu'elles finissent leur course... Quant a Alex, grise par l'altitude, il nous la joue petit rat de l'opera...
L'arrivee au col marque notre entree en Himachal Pradesh, le pays de la pomme ! En fait de pommiers, c'est une rude descente dans la caillasse qui nous attend... 1200 m de denivele plus bas (et deux genoux en moins...), on rejoint une splendide gorge qui nous revele quelques surprises de parcours, notamment un petit pas d'escalade au-dessus du torrent (bon ok, c'est du 3, mais avec un sac de 20 kg dans le dos et un rocher bien pourri...).
Les quelques kilometres qui nous separent de Kibber sont vite avales, meme si une erreur de parcours nous fait decouvrir de chouettes falaises ou seuls les oiseaux osent s'aventurer... Car apres le Ladakh, tres bien couvert par les cartes Olizane, nous voici retournes du cote obscur des cartes Leomann (au 1/200 000, dessinees a la main, sans lignes de niveau). Un vrai bonheur pour Alex, THE specialist de l'orientation sur cartes IGN au 1/5 000...
A Kibber, notre premiere confrontation avec la civilisation apres six jours de marche se passe plutot bien, surtout pour nos pauvres petits estomacs reduits a l'etat de noisettes : on s'empiffre comme seuls peuvent le faire deux Bazaille affames (malheureusement, il n'y avait pas de pinard...). La derniere journee de marche jusqu'a Kaza, via le magnifique monastere de Ki, est d'autant plus aisee que la promesse d'une biere nous donne des ailes. Il n'a pas l'air heureux le frerot???