Des visages, des figures...

14 juin 2008

Traverser l’Himalaya a pied, c’est sur, ca use les souliers… Mais c’est avant tout pour rencontrer des GENS qu’on a pris la route ! Et nos premiers jours de trek ne nous ont pas decus ! Petit apercu…

Les bergers nous ont accompagnes quasiment sur tout le chemin. Notre depart coincidant avec le debut de la transhumance, la plupart des troupeaux sont parties en meme temps que nous de Dharamsala, direction Leh ! C’est seulement en octobre que les bergers pourrons retrouver leur village, après plus de quatre mois de marche, loin de toute civilisation. Ce sont des hommes tres jeunes ou bien tres vieux (ie sans famille a charge en general), tres timides mais toujours curieux de savoir ce que font ces deux blanc-becs au milieu de nulle part… Grace a notre hindi balbutiant, nous avons pu vivre des merveilleux moments autour d’un feu ou d’un tchai, ou bien a l’abri de la pluie dans une bergerie odorante… C’est la d’ailleurs que nous avons appris a faire des chapattis, avec rien de plus qu’un peu de farine, de l’eau et un feu de bois. Ces homes vivent comme des moines : ils se contentent de mener leurs betes d’un point a l’autre du pays, avec pour tout baggage un sac de riz et un stock de bidis, le tout emballe dans deux couvertures ficelees sur leur dos. Ah si, j’oubliais tout de meme l’entorse majeure au regime monacal : ce qu’ils appellent le local wine !!! Une substance indefinissable qui ressemble a de l’alcool a bruler dans lequel auraient baigne quelques fruits…

Mais apparemment, ca ne les empeche pas d’avoir le pied montagnard… Si les chevres nous ont surpris par leur agilite (et hop, un pti 5000 dans le froid et la neige…), les bergers eux, etaient tout aussi etonnants avec leurs mocassins en plastiques en guise de crampons et leur baton de bois en guise de piolet… On se sentait un peu penauds avec nos sacs bourres de matos !!!

Lalu et Sunil, nos deux porteurs, meriteraient un post a eux tout seuls… A 23 ans, ils ont deja une vie qui ressemble a un roman. Ils sont originaires d’un petit village situes a quelques encablures de Dharamsala et s’entendent comme larrons en foire… Ils ont quitte l’ecole a huit ans pour aller travailler dans le Rajasthan, a Jaipur, dans un magasin de tissus. Puis, au bout de quelques annees, ils sont rentres chez eux. Desormais, ils travaillent la ou l’on a besoin d’eux, le plus souvent en tant que porteurs, cuistots ou bien bergers… Lalu, le plus experimente des deux (et le seul a parler quelques mots d’anglais), a pris la casquette du guide. Du coup, Sunil s’occupait en general de la cuisine et portait le sac le plus lourd. Ce qui ne l’empechait pas d’avoir toujours une chanson sur le bout des levres, et de mettre une ambiance du tonnerre tous les jours. On ne compte plus les fous-rires passes ensemble…

On ne peut pas parler de rire sans parler des habitants de Kugti village. Forces d’attendre Lalu et Sunil (partis acheter un nouveau rechaud pour remplacer le notre… defaillant !) dans ce minuscule village perdu au fond d’une vallee, nous n’avons pas regrette une seconde cet arret. Pendant 24 heures nous avons vu defiler tout le village devant notre tente ! Les enfants posaient devant notre appareil photo, pendant que les adultes nous bombardaient de questions. On a fait un petit echange culturel en leur chantant une chanson francaise, contre une en hindi chantee par une dizaine d’Indiens… Memorable ! Nous avons fini par passer la soiree dans une minuscule chambre, a les ecouter jouer de l’harmonium et de la flute : un grand moment ! Le lendemain, l’un d’eux fetait ses trente ans et nous a convies a la grande fete. Nous etions desoles de decliner l’invitation, surtout en observant les preparatifs… gargantuesques ! Les adieux furent dechirants…

Tout comme lorsque nous quittames la famille qui nous a accueillis dans sa maison, apres une rude journee de marche (le passage de notre premier col), a la tombee de la nuit, alors que nous desesperions de trouver un emplacement pour notre tente. Toute la famille a ete aux petits soins pour nous. Ah qu’il est bon de se rechauffer autour de l’atre quand on a passe une bonne partie de la journee sous la pluie ! Nous y avons deguste les meilleurs dals (preparation a base de lentilles) de tout le trek ! Le grand-pere, qui nous avait fait gouter son petit local wine, tenait absolument a ce que nous restions et a tire une tete de dix pieds de long a notre depart…

Tout cela bien sur sans compter les innombrables petits gestes de bienvenue qui ont parseme notre route… Les enfants n’etaient jamais les derniers ! La curiosite est une bien vilain defaut, il parait. Il parait…